Ze studiów nad Słowackim

  • Tadeusz Makowiecki

Abstract

Choix d’études sur Słowacki

I. Kordian

L’étude du Prof. Makowiecki cherche la clef du problème de la construction de Kordian, oeuvre étonnante et complexe.

Dans la première partie de cette étude, l’auteur se pose la question: où faut-il chercher l’élément principal qui cimente les diverses parties de l’oeuvre. L’analyse de la disposition des scènes aboutit à la découverte du principe „à gradins”, qui prend corps dans les différentes couches de l’oeuvre.

1) Les scènes particulières sont reliées par le problème de la désillusion. Le héros est en quête de valeurs idéales et éprouve une série de déceptions. Ainsi il sera déçu par l’amour, par la civilisation vénale, par l’Église officielle, par la nation, par lui-même et enfin par l’idée même du sacrifice. 2) De scène en scène, le réalisme devient de plus en plus puissant: il se traduit par la présentation de milieux concrets et par la vérité psychologique. La disposition „à gradins” y est donc visible. 3) L’unité du drame est encore soutenue par l’élément de révolte qui atteint même au bouillonnement révolutionnaire — ayant commencé par la protestation contre le vide de la vie, il finit par accuser avec véhémence la tyrannie. C’est Kordian - drame et non Kordian - héros qui lance cette accusation.

La deuxième partie de l’étude s’attaque à un autre problème, si important pour la réponse à l’énigme qu’est la construction de Kordian', dans l’orbite de quelles influencés chaque acte se formait-il? Dans l’acte 1 Makowiecki voit une sorte de continuation de l'Heure de Méditation; le deuxième — se rattache à sa propre Ode à la Liberté', dans le troisième on sent une forte influence des Aïeux, surtout de la Petite Improvisation, et le Monologue sur le Mont Blanc peut être considéré comme un élément correspondant à celle-ci. D’ailleurs et les prologues et l’épilogue de l’Improvisation de Mickiewicz ont influé sur la structure des Aïeux, ce qui provoqua chez Słowacki le désir de donner une réplique, basée sur sa propre conception, différente de l’autre. En somme, en considérant la superposition des différentes couches, Fauteur constate qu’il y a dans l’oeuvre une ascension qui rappelle la fugue.

Ces considérations aboutissent à la thèse que Kordian est un vrai drame, charpenté avec soin et logique, formant une oeuvre solide et unie.

II. Anhelli

L’étude sur Anhelli aborde 3 types de problèmes: 1) elle montre l’origine de cette oeuvre dans L’Hymne: Seigneur! Triste est mon âme, 2) elle analyse, dans l’oeuvre, le problème de l’éphémère, 3) elle considère l’attitude de Słowacki envers Mickiewicz et envers les émigrés.

Anhelli est né du grain de sénevé que fut l’Hymne, vers lyrique connu de tous. Cette origine est confirmée par l’existence des mêmes motifs littéraires, dans les deux poèmes: espace infini et lumières, tombes, même atmosphère de tristesse et face d’un Dieu impitoyable.

Ce qui frappe dans Anhelli c’est la répétition de certainse images: la mort et les tombes, baignées d’une atmosphère de tristesse et de résignation, mais non de révolte. C’est l’expression de tout ce qui passe—de l’inévitable destruction de la génération contemporaine atteinte d’infécondité.

L’acuité de la critique de Słowacki, portée contre Mickiewicz et contre les émigrés, est l’expression d’un problème plus vaste: celui de la lutte contre l’illusion. L’auteur A'Anhelli s’opposait consciemment à Mickiewicz et à sa foi spontanée en l’amour, au prométheisme, au towianisme et enfin à sa foi au succès de la Légion. Słowacki voulait détruire ces illusions, il voulait dire à la nation l’implacable vérité sur le déclin de la génération. Il n’y voyait qu’une seule valeur: la sainteté, la pureté angélique. Ce n’était pas pourtant une aspiration vers Dieu. Le Dieu de Słowacki de cette période est cruel, inhumain. Mais cette conception est en harmonie avec la conception de l’héroïsme chez Słowacki. C’est un héroïsme désespéré, l’héroïsme du sacrifice sans aucun espoir.

III. Beniowski

L’auteur de cette étude place Beniowski à un rang élevé, dans la production littéraire du poète: c’est une oeuvre où Słowacki s’est le plus pleinement exprimé. Jusqu’ici les interprétations évitaient le problème essentiel — on s’attardait à l’étude de la virtuosité du poète, des accents polémiques, des affinités avec le Don Juan de Byron. Ces éléments existent réellement dans Beniowski, mais il importe d’étudier l’idée principale du poème. Cette idée maîtresse de l’oeuvre est réalisée aussi bien dans les digressions que dans la trame du récit, c’est un appel à la grandeur, à un vol hardi, au courage de sentir et de penser, de respirer à pleins poumons. La face de Dieu y apparaît comme „îace fulgurante de Jehova". 'Voilà pourquoi on y trouve une pointe de polémique contre Mickiewicz qui, selon la vision de Słowacki, dirigeait la nation vers une rade fermée. Cela fit naître la virtuosité du mot, incarnation de la tendance à la liberté et aux vastes horizons.

On retrouve cette idée maîtresse dans les parties narratives du poème. Le choix même de l’époque historique nous le dit. Słowacki a choisi les luttes des Confédérés de Bar où se manifestèrent par des prouesses les plus vifs tempéraments. De même, la nature y est marquée par l’immensité des steppes aux grandes herbes ondoyantes. Quant à la présentation des événements, on peut parler de „composition ouverte”: tout y est commencé et annoncé, à peine esquissé, mais rien n’y finit. L’auteur de cette étude appelle cette composition: „composition à porte ouverte”, commode au plus haut degré pour l’expression du dynamisme de l’époque que le poète veut reproduire et — favorable au dynamisme de la tendance principale du poème.

Le dynamisme trouve aussi son expression dans le style: ce n’est pas de la ciselure, mais une richesse de formes et d’inventions, côtoyant parfois l’improvisation badine. Les coups polémiques de Słowacki ont ce même caractère d’improvisation surgie au hasard.

En finissant, le Prof. Makowiecki énonce la thèse sur l’unité du poème, dont les 5 premiers chants formeraient un tout, organisé avec soin, imprégné de lyrisme et de révolte audacieuse. Beniowski est une des oeuvres les plus remarquables du courant révolutionnaire du romantisme européen.

Published
2019-04-23
Section
Articles