Paradoks kata i żołnierza w Wieczorach petersburskich Josepha de Maistre

Abstract

[Abstrakt tylko w j. francuskim / Abstract only in French]

Le paradoxe du bourreau et du soldat dans les Soirées de Saint-Pétersbourg de Joseph de Maistre

Dans les Soirées de Saint-Pétersbourg, son texte de philosophie ésotérique le plus important, Joseph de Maistre remarque qu’il existe dans le monde deux métiers dont la fonction consiste à donner la mort aux proches, sans que pour autant cet acte puisse être qualifié de meurtre: le bourreau et le soldat. Leur fonction étant complètement légitime, officiellement reconnue par la loi humaine, de Maistre ne cesse pourtant de souligner le caractère monstrueux de ce dont ils sont chargés dans la société. Le bourreau apparaît comme un être insensible, dépourvu de toute émotion, tuant ses victimes de sang froid et sans scrupules. Quant au soldat, de Maistre souligne surtout la métamorphose que subit l’homme sur le champ de bataille, où il oublie son système de valeurs morales naturelles pour se transformer en un monstre cruel, capable de tuer ses proches qu’il ne connaît même pas, innocents dans leur majorité. Pour Joseph de Maistre, il est impossible d’expliquer humainement, à l’aide de la raison, le phénomène du bourreau et du soldat, c’est-à-‑dire de comprendre comment l’homme, un être compatissant et miséricordieux de par sa nature, se laisse emporter par les horreurs de l’exécution et de la guerre. Convaincu que ce phénomène échappe à toute spéculation purement humaine, Joseph de Maistre explique l’insaisissable par le recours aux plans secrets de la Providence. Les actes cruels du bourreau et du soldat s’inscrivent dans l’impénétrable économie divine. Tout d’abord, tous les deux exécutent le châtiment que Dieu inflige à l’humanité à cause de ses péchés perpétuels en vue de la punir pour ces prévarications constantes. De plus, leur mission a aussi un caractère profondément sacrificiel, le sang répandu par le bourreau et le soldat coulant en tant qu’offrande à la divinité pour lui demander son pardon et d’apaiser sa colère. L’immolation du sang ayant donc un sens essentiellement eschatologique, la mission du bourreau et du soldat s’avère salutaire pour toute l’humanité. Aussi bien l’offrande du sang des coupables à l’échafaud que le sacrifice de celui des innocents dans la guerre sont d’essence sotériologique, indispensables pour le salut de tous les êtres humains. Par là, la mission du bourreau et du soldat, malgré l’horreur évidente de leurs actes, exprime donc le sens des plans secrets de la divinité.